jeudi 25 août 2011

De ma fenêtre



Dans ce quartier, j'y avais jamais mis les pieds. J'avais eu de bons échos, qui en vantaient la population étudiante et la boboisation fulgurante, et de très mauvais, le décrivant comme une zone de non-droit, une cité dans la ville, agressive où règne les glauques lois de la violence et de la drogue.. 

Et pourtant, de ma fenêtre, je ne vois rien d'autre qu'un petit monde tranquille qui grouille et se mélange : le petit beur à la casquette de travers qui laisse sortir une musique nasillarde et (trop ?) répétitive de son téléphone pendouillant fièrement contre sa poitrine, la grosse mamma black dans son boubou qui trimballe son marmot sur le dos, la petite étudiante bien fringuée qui trace au métro le nez collé sur son iphone et les oreilles vissées sur son gros casque, les artistes à long cheveux qui glandent au café d'en face, les vendeurs à la sauvette, qui s'égarent même à vendre des livres parfois, des jeunes cadres dynamiques à la chemise bien droite, col blanc sur petit pull et regard repassé, quelques familles qui vont au parc promenant par la main des enfants qui lèchent des glaces dégoulinantes, des grands blacks qui étalent leurs rires qui résonnent d'un côté à l'autre de la rue, des trentenaires à l'air occupé qui s'engouffrent dans la médiathèque à la recherche de la jolie place près de la fenêtre pour brancher leur mcbook et faire semblant de travailler un peu mais surtout rêvasser beaucoup, une jeune un peu paumée, assez folle, qui traîne, toujours au même endroit devant le supermarché, si bien que la prochaine fois que je vais faire mes courses je lui apporterai un café, un petit chinois affairé qui pense à ses affaires, le vieil indien de la boutique d'en face qui contemple tout ça d'un regard sage affublé d'un ineffable sourire.. Toutes les couleurs du monde, dans la douceur et la tranquillité, parfois dans le bruit aussi, mais bouillonnant de vie. J'aurai pas pu rêver mieux. 

(Et le titre de se post me fait immanquablement penser à ce tableau qui sera bientôt sur un de mes murs, si j'ai le courage d'aller à la chasse au cadre adapté.. )

4 commentaires:

Matthias a dit…

Ta description de la vie parisienne est super jolie et bien réaliste.

Anonyme a dit…

Je ne sais pas si tu vis dans le même quartier que moi, mais ça y ressemble. Quand je m'y suis installée, il y a bientôt 3ans, j'aurais pu faire exactement la même description que toi.Seulement, au bout de tout ce temps, je suis lasse. Lasse des 'zonards' qui traînent dans la rue,qui me voient chaque jour, mais qui chaque fois me regardent d'une façon obcène, me parle comme à une catin.Je n'ai rien de plus qu'une autre, juste, je suis habillée en fille.Maintenant, je n'ai plus qu'une envie, partir dès que je pourrais.

Nina a dit…

Peut-être, mais justement ce qui me plait, c'est que l'équilibre entre zonards, gens pressés, étudiants etc est assez ahurissant, et que le tout se mélange d'une façon très tranquille. Je suis pas dans le bouillon de Barbès, que j'aime aussi mais où il serait plus difficile de vivre, mais dans le 13ème. Pas de regards obscènes pour l'instant, ni de remarques déplaisantes, par exemple. Enfin, pas plus que n'importe où en France. On verra dans 3 ans.. Je sais pas où tu habites, mais je comprends le ras-le-bol, vraiment. Pars à Montréal !

Anonyme a dit…

Ben justement, dans mon quartier, la goutte d'or, il n'y a pas de mélange et pas d'équilibre.La rue appartient à certains, et les autres sont comme des intrus.Je pense que dans le 13ème, ca doit être plus soft.

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