samedi 14 août 2010

Contre la vitre

05h30. Réveil étourdi à Istanbul. Vite, un taxi. Par la fenêtre ouverte, la ville s'éveille paresseusement dans la brume et la moiteur. Derrière, après le quai, de gros pétroliers sont posés sur l'étendue grise du ciel dissous dans la mer. Comme un miroir renversé qui mettrait la mer au plafond, ces bateaux obèses semblent flotter dans un ciel immuable.
Une rêverie calme et solennelle offerte contre la vitre.

11h30. L'avion descend sur Londres. Caresse du bout de l'aile le creux d'un nuage. Plonge. Se redresse. Joue avec le ciel comme un cétacé jouerait avec les crêtes moutonneuses. Virant, planant d'un tapis de coton à l'autre, ondulant à travers des touffes ouatées. Le ciel anglais s'ouvre par strates de couleur, jouant avec la lumière encore pure du soleil qui plus bas, nous laisse admirer la beauté d'un spectacle en nuances de gris, suspendus entre deux couches de ciel.
Une rêverie douce et chaude offerte contre la vitre.

19h10. Le bus vert et gris rempli de couleurs. Des couleurs qui parlent et qui bougent. Des couleurs qui virent du noir au blanc à mesure qu'on descend de La Chapelle à Gare de Lyon. Au détour d'un pont, Paris se dévoile furtivement, pâmée de lumière dorée. Massive et lourde dans sa dentelle de pierre, elle jette un cri de beauté avant l'orage et la nuit.
Une rêverie éclatante et fugitive offerte contre la vitre.

20h30. Le train familier qui file vers le sud. Je déguste mon jambon-beurre en laissant mourir le jour. Et dans un dernier éclat, la France jette un arc-en-ciel par la fenêtre, illuminant la campagne en se jouant des nuages. Sur tribord, le soleil dans son pyjama rouge me fait un dernier clin d'œil sous les épais stratus.
Une rêverie inouïe et éphémère offerte contre la vitre.

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