mardi 1 mars 2011

Cuba : La musique


On aurait pu aller en Jamaïque, à Cancùn ou sur une petite île perdue des Bahamas se dorer la pilule toute la semaine. C'est ce que font généralement les canadiens qui veulent à tout prix fuir l'hiver. Mais pour nous, ça n'avait aucun sens. On rêvait de Buena Vista Social Club, de Compay Segundo, de chansons à la gloire du Che, et puis aussi un peu de mojitos. En se balladant rapidement sur des forums de voyageurs, on avait lu que Santiago était la capitale de la musique traditionnelle, alors qu'à la Havanne c'était plutôt le règne du Raggaeton. Qu'à cela ne tienne, on a pris un avion pour Santiago, snobbant la Havanne et ses parcs à touristes.

Et on n'a pas été déçues. De la première à la dernière minute, on a joué, chanté et dansé cette musique, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, n'importe où, avec n'importe qui. dans ce pays où les gens chantent comme ils respirent.

En attendant un camion, dans le taxi avec des compatriotes trouvés par hasard, en haut de la Gran Piedra pour prier l'arrivée de touristes russes qui ne sont jamais venus, dans la rue, en marchant, dans tous les parcs de la ville, sur la plage, chez des gens pour que le poulet cuise plus vite, dans nos chambres en guise de repos, dans le bus encore, jusqu'au bout du jour, encore et encore.

Ukulele Power, by Nelson

Un vendeur de colliers nous régale d'un petit morceau, au sommet de la Gran Piedra

Jouer à l'ombre, c'est plus mieux.


La journée, on se baladait nos instruments sur le dos, pour pouvoir cueillir la moindre occasion de jouer un peu. Le soir, on allait s'abreuver de Salsa et de Sòn dans des bars musicaux, qui pullulent à Santiago, avant d'aller à notre tour finir la nuit dans un parc au son de nos propres voix. La musique nous a permis d'avoir les plus beaux échanges possibles, ceux où l'humain dialogue avec l'humain, ceux où les différences s'effacent pour laisser place au partage de quelques instants de vie.  D'aller bien plus loin que mon Itagnol trébuchant. On croisait sans cesse des gens, intrigués, musiciens accomplis ou débutants, qui nous empruntaient la guitare pour nous jouer un petit morceau, ou simplement s'asseyaient pour fredonner un moment ces airs que tout le monde connait si bien. 

Un groupe de Son joue dans un restaurant

Un de nos premiers copains


Ce type incroyable a déballé un tas de bouteilles vides devant lui. On le prenait pour un fou, un clochard perdu. Puis il s'est mis à taper sur ses bouteilles avec des cuillères en fer. Do ré mi fa sol la si do, et ça sonnait juste ! On a passé la demi-heure qui suivait à l'écouter recouvrir de sa voix ces sons cinglants.

Je me souviendrai toujours de cette nuit où sur la place du village de Baracoa, un chanteur extraordinaire nous a rejoints, suivi quelques minutes plus tard par un vieil espagnol aux yeux perçants, nous emmenant tous les deux jusqu'à la pointe du jour, entremêlant nos voix tandis que d'autres, quelques pas plus loin, dansaient au rythme des âmes qui s'entrechoquent.

 
Évidemment, la cruche qui chante faux et fort, c'est moi.. 

Et on a chanté, jusqu'au bout. Quelques minutes avant de prendre l'avion, on est allées rejoindre le musicien au T-shirt vert pour quelques dernières chansons. Éberlué, il nous a reconnues : on avait déjà chanté avec lui une semaine plus tôt, quelques minutes après avoir atteri, alors qu'il jouait pour les touristes dans la file du bureau de change. Ces dernières chansons avaient le goût de la dernière bouchée d'un repas de réveillon, quand on sait qu'il faudra attendre longtemps avant d'y goûter de nouveau. Le goût des derniers instants de bonheur volés avant le retour à la réalité. On était quatre à s'égosiller sur Guantanamera, à trébucher sur le rythme espiègle de Chan Chan, à s'émouvoir sur Que Importa Que te Ame, sous les yeux de cubains et de touristes étonnés de voir ce curieux mélange de musiciens.

Et puis la douane nous a avalées, et l'avion nous a emportées sous le regard bienveillant du Che, ses chansons fraîches résonnant encore.

Je vous laisse sur une série, quelques Juliette à la guitare:





3 commentaires:

Anonyme a dit…

Un instrument, c'est fou ce que ça aide à créer de la rencontre. C'est un langage universel qui prend le pas sur le reste. Moi, mon alto je l'adore mais il reste à la maison... trop fragile pour partir en vacances :(

Wida a dit…

Lovely post and pictures!

Wida
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Unknown a dit…

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