Le saut

Un pique-nique à la fin improbable. Une dernière journée parfaite, en touriste, à Montréal. Manger une glace sous la pluie. Acheter une connerie dans une boutique de souvenirs. S'arrêter dans un salon de thé chinois, et se sentir en voyage pour quelques heures. Rentrer à la maison et s'empiffrer de gâteaux de chez Mamie Clafoutis, les meilleurs gâteaux du monde. Laisser le soleil calmer ses ardeurs tout doucement, en papotant avec des copines. Comme si de rien n'était. 

Et puis j'ai passé le balai dans ma chambre, puis la serpillère, j'ai pris une douche et j'ai fermé mes valises. Les Merveilleux sont arrivés, c'était l'heure, j'ai fermé la porte et donné un tour de clef. On est allés prendre le bus, chacun portant un de mes sacs, mes petits sherpas. Dans le bus, dire des conneries, ne pas regarder par la fenêtre le soleil qui se couche sur le Mont-Royal. Et puis la file d'attente d'Air France. Frustrée de les voir faire les cons avec les chariots alors que je suis pognée du côté patient des passagers. Une petite demi-heure pour un sandwich à partager et un petit ramassis de conneries de dernière minute. Et, trop vite, le dernier signe de main, aiguillée au tapis roulant par un officier de sécurité. 

Vite, enclencher le pilotage automatique, verrouillage des pensées opposées.

Atterrissage juste à temps pour du vin, du fromage, et une explosion de coeurs rouges au champ de mars. La vie va en advance.

Et puis, c'est qui qui l'a glissé, cet album de Socalled, dans ma valise ?