Ya un truc que j'aime bien au canada, c'est les saisons.
Printemps été Automne hiver, ça voulait rien dire pour moi ça avant. J'ai grandi à Marseille, alors des saisons yen a pas des masses. Un coup de mistral de temps en temps, qui décoiffe bien, un peu plus frais l'hiver, un peu de pluie aussi, mais pas trop, puis des cigales en été, mais sinon grosso-modo c'est toujours pareil. Soleil, joie de vivre, tout ça.
Ici, c'est pas la même. Limite le ciel te dit quel jour on est.
L'hiver arrive en tourbillon dans une tempête blanche. En quelques jours, tout est monochrome. Le thermomètre descend, les patins et skis de fond fleurissent, les habitants enfilent leur manteau d'hiver, chauffent des fèves au lard sur leurs fourneaux. Les touristes de longue durée comme moi se ruent sur les pistes de skis, sortent tous les week-ends pour raquettes, chien de traîneau ou autre activité exotique. Le soleil brille, la peau brûle, et le vin chaud bouillonne à grands chaudrons. Génialissime. Les trois-vallées derrière la fenêtre.
Puis vient mars, et Avril, deux mois mornes et tristes, ou le blanc de la neige cède la place au marron de la terre gelée. La neige fond, les paysages sont tristes, les arbres mettent des années à poindre des feuilles. C'est aussi la saison du sirop, on s'empresse dans les cabanes à sucre pour se goinfrer de toutes les déclinaisons possibles du liquide magique..
Enfin, le printemps s'amène, fin avril. Les feuilles sortent, d'un vert époustouflant. Les minijupes bourgeonnent comme autant de filles en fleur, les festivals commencent, les étudiants cravachent un dernier coup avant la relâche estivale.
Puis l'été est là. Chaleur, longues soirées. Les étudiants s'en vont un par un rejoindre leur maison, leur pays, ou travailler dans la cambrousse. Le temps ralentit. La ville vit au rythme de la musique, et des festivals qui s'enchaînent. Les fleurs poussent sur les trottoirs, les moustiques peuplent les lacs où on s'en va camper le week-end. Le monde sourit chante et danse, avant que Septembre débarque avec son inexorable compte à rebours…
Mais avant de boucler la boucle, il y a l'automne (vous l'aurez deviné). Aaaaah l'automne. Ces quelques jours, à califourchon entre septembre et octobre, où les arbres explosent avant d'hiberner. Le festival des couleurs. Le tapis orange tout moelleux par terre. Les citrouilles qui poussent sur les perrons coquets. Le ciel qui s'y met, aux alentours de 18h30, pour envoyer des reflets pourpres sur ces feuilles déjà à la limite du fluo. La saison des pluies aussi, une pluie continue, fine et puis forte, éparse et dense tour à tour. La mélancolie de l'hiver qui s'annonce, ce regret des beaux jours qui meurent, qui se reflète sur ces feuilles sanglantes. Romantisme, quoi.
A Marseille, y a pas d'automne, et maintenant je me demande comment j'ai pu grandir sans.
Quand je serai grande, je ferai le tour du monde pour rester en automne tout le temps.
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