dimanche 6 novembre 2011

Recouvrailles


Il y a des choses qui ne changent jamais
Des personnes qui vous subjuguent
J'avais 16 ans
et à 25
Toujours cette même attirance profonde
J'ai pourtant tellement changé
Mais son sourire de travers
Il trace tout droit à mon myocarde
Mâturité ou pas

Sous mes yeux flotte cette image
Une photo
Lui et moi, mangeant une glace
Toulouse, printemps 2003
Tant de fois regardée
Déjà tellement inaccessible

Hier, j'ai compris pourquoi je l'ai tant aimé
et pourquoi il serait si facile
de retomber

Quelques heures à bavarder
tellement peu pour rattraper tout ce temps
et pourtant
pas de banalités
Seulement l'essentielle futilité
Des âmes qui se retrouvent

Il est bientôt quatre heures, je vais rentrer, j'ai dit
T'es sûre ? On a une chambre de plus si tu veux.
Oui, c'est pas si loin. 
Fais attention après tes deux rhums.

Pourtant je sais bien que pour lui
Qu'importe l'heure
le monde s'arrête
n'importe où je le suivrai
S'il me prend par la main

Dans d'autres temps
une autre Nina pleine d'audace 
aurait fait un geste
un mot, une phrase 
Un mouvement subtil
Une nuit pleine d'étoiles
Ca vaut 364 toutes simples

Mais pas lui
Plus maintenant. 
Il sait bien qu'il n'a qu'à remuer le bout des lèvres.
Les années ne pèsent rien

Et puis, j'en ai pris trop dans la gueule.
Paralysée comme un petit oiseau blessé
Je ne peux plus bouger

Alors j'ai rien dit. Peur du résultat. 
Peur qu'un oui raye un possible, 
Qu'un non déclenche l'avalanche des espoirs
Fasse gigoter mon coeur et secouer la cage
Ou je l'ai mis 
En sécurité. 

Et dans la voiture
Le pilote automatique me guide sur cette route faite tant de fois
Lui ici, sur la route de la planche à voile, c'est quand même si étrange.
Et des grosses larmes viennent rouler sur mes joues
Imitant la pluie qui ne cesse de ruisseler sur le pare-brise
L'amertume de la vie qui passe entre nos mains moites
Trop hésitantes pour la saisir

Alors fébrile après une nuit sans sommeil
J'ai ressorti la boîte
Déterré la photo
Relu mon journal d'adolescente
Pour constater
Qu'elle est pas partie très loin, cette Nina là
Qui écrit des poèmes en oubliant d'écouter le prof
Et qui compte avidement jusqu'au prochain jour
Où elle le reverra

Le plus important
C'est de voir
Que l'amour est là
Caché dans un coin
Qu'il ne demande qu'à sortir
Comme des nonnes qui ne voient le jour qu'une fois par an
Il trépigne, il bouillonne
La vie est devant moi.

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