mardi 28 septembre 2010

Le Città Invisibili

Ca faisait longtemps que je le voulais ce bouquin. Mais je voulais le lire en italien, pour être au plus proche de la poésie. Et aussi pour me la raconter un peu sur le mur du salon.




Les villes invisibles, d'Italo Calvino, c'est des morceaux de viles qui naissent entre les lignes. Les villes invisibles, elles n'existent pas, mais elles sommeillent un peu dans nos villes à nous. Des villes incroyables, magnifiques, des villes immondes, des villes qui se répondent, qui font écho aux souvenirs des voyageurs. 



"La città per chi passa senza entrarci è una, e un'altra per chi ne è preso e non ne esce; una è la città in cui si arriva la prima volta, un'altra quella che si lascia per non tornare; ognuna merita un nome diverso; forse di Irene ho già parlato sotto altri nomi; forse non ho parlato che di Irene. L'altrove è uno specchio in negativo. Il viaggiatore riconosce il poco che è suo scoprendo il molto che non ha avuto e non avrà"

"La ville pour celui qui passe sans y rentrer en est une, et mais elle en est une autre pour celui qui en est pris et qui n'en sort pas.. L'une est la ville dans laquelle on arrive pour la première fois, l'autre celle qu'on laisse pour ne plus revenir; chacune mérite un nom différent; peut-être vous ai-je déjà parlé d'Irène sous d'autres noms, peut-être n'ai-je seulement parlé que d'Irène. L'ailleurs est un miroir en négatif. Le voyageur reconnaît le peu qu'il possède en découvrant le tant qu'il n'a pas eu et qu'il n'aura pas. "



Il ya Despine, la ville qu'on trouve aux confins de deux déserts, Perinzia, la ville aux proportions célestes peuplée de monstres, Anastasia, la ville qui fait naitre les désirs, Zenobia, la ville sur pilotis en plein désert, Fillide, la ville qui zigzague de lieux en lieux qui ne se dévoilent que lorsqu'on y pose le pied, Zemrude, la ville qui se montre pareille à l'humeur de celui qui la visite, Armilla, la ville de canalisations suspendues, sans murs, sans ciel, sans portes, Smeraldina, une ville de canaux qui nous rappelle étrangement Venezia.. Et tant d'autres encore.

"L'occhio non vede cose ma figure di cose che significano altre cose : la tenaglia indica la casa del cavadenti, il boccale la taverna, le alabarde il corpo di guardia, la stadera l'erbivendola. Statue e scudi apprestano leoni delfini torri stelle : segno che qualcosa - chissà cosa - ha per segno un leone o delfino o torre o stella. […] 
Lo sguardo percorre le vie come pagine scritte : la città dice tutto quello che devi pensare, ti fa ripetere il suo discorso, e mentre credi visitare Tamara non fai che registrare i nomi con cui essa definisce se stessa e tutte le sue parti."

"L'oeil ne voit pas des choses mais des symboles de choses qui signifient autre chose : les pinces indiquent la maison du dentiste, la choppe la taverne, les hallebardes les gardes du corps, la balance romaine le primeur. Statues et écussons montrent des dauphins, des lions, des tours, des étoiles: signe que quelque chose - qui sait quoi ? - a pour symbole un lion, un dauphin, une tour ou une étoile. [...]
Le regard parcourt les rues comme des pages écrites : la ville dit tout ce que tu dois penser, elle te fait répéter son propre discours, et tandis que tu crois visiter Tamara, tu ne fais qu'enregistrer les noms par lesquels elle se définit elle-même et dans toutes ses parties" 



Désolée pour le massacrage traductionesque. Il est tard, et ça fait longtemps que j'ai pas fait de thème.
Mais Calvino, c'est de la poésie légère et profonde à la fois qui se glisse au creux du sac à main. Ca rend les formalités administratives beaucoup plus agréables, la pluie colorée, et même l'automne avenante. Comme trimbaler un bout de rêve dans sa poche. Particulièrement idoine en globe-trotting. Indispensable pour se ménager un coin d'imaginaire dans la frénésie maussade du quotidien.

"È inutile stabilire se Zenobia sia da classificare tra le città felici o tra quelle infelici. Non è in queste due specie che ha senso dividere le città, ma in altre due: quelle che continuano attraverso gli anni e le mutazioni a dare la loro forma ai desideri e quelle in cui i desideri o riescono a cancellare la città o ne sono cancellati."

" il n'y a pas à établir si Zénobie est à classer parmi les villes heureuses ou malheureuses. Ce n'est pas entre ces deux catégories qu'il y a du sens à partager les villes, mais entre celles-ci: celles qui continuent au travers des années et des changements à donner leur forme aux désirs, et celles où les désirs en viennent à effacer la ville, ou bien sont effacés par elle."




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