Flic FLoc

C'est le déluge.

Depuis 2 jours, ça n'arrête pas.

Et je me ballade, fière sous mon grand parapluie jaune, pour créer l'illusion d'un soleil bien caché sous ces nuages denses. 

Je suis bien sous mon parapluie. J'ai les pieds mouillés, mais je m'en fous. J'écoute le bruit de l'eau sur la toile jaune, fascinée qu'autant de flotte puisse tomber du ciel d'un coup. Ça drache sévère. Je savoure mon univers rien qu'à moi, mon petit coin douillet, à l'abri sous le tissu tendu. Je m'imagine indienne, réfugiée sous mon tipi sauvage en pleine ville, aventurière déchue dans ma cabane solitaire.

Un peu de flotte, et c'est fini, j'ai 10 ans. Je saute dans les flaques, impossible de les éviter de toutes façons, les rues se sont transformées en mini-fleuves. Je souris tendrement devant ces méandres d'eaux et de boues qui se forment et qu'il faut éviter, sur le chemin en remontant le parc.

De temps à autre, je croise d'autres parapluies, qui comme des petites entités fragiles se frayent un chemin entre les lourdes gouttes, petites bulles de sec qui transitent lentement. 

Il y a celle frétille d'un trottoir à l'autre, son parapluie à la main, gloussant occasionnellement pour se déculpabiliser du ridicule de son allure. Celle qui m'écorche d'un coup de toile griffue et file sans se retourner, comme un coup d'épaule bousculé dans un couloir de métro crasseux.

Ceux qui font encore semblant de se hâter, et puis ceux qui, désabusés, marchent lentement en laissant l'eau tomber sur eux comme une cascade sur un caillou usé.

Quand la nature nous rappelle à l'ordre en pleine ville, là où on croit pourtant l'avoir bien eue. Qu'elle nous balance d'un coup une belle rincée, et qu'on s'en trouve ébahis, surpris, grincheux, mais quelque quand même un peu fascinés. Dans ces moments là, la vie, je l'aime. Merci Nature.